Dans la tourmente du suicide, les spécialistes nous disent des choses qu’il est utile de consigner tellement l’état de choc nous rend amnésiques et sourds à leurs explications, tellement ces choses, comme la réalité elle-même, sont difficiles à accepter.
Le fait que quelqu’un s’enlève la vie va à contre sens de ce qu’on estime être la vie elle-même et, selon notre niveau de proximité, on risque de ne ressentir rien de moins que l’angoisse de ce non-sens. Pour se rassurer, on cherche des explications…
Le mot culpabilité revient souvent.
Même si la raison ne supporte pas ce sombre sentiment de responsabilité ni ne l’explique, il semble en effet fréquent que les gens de l’entourage se disent : « j’aurais peut-être dû » ou « peut-être que je n’aurais pas dû ». Le simple fait d’avoir parlé à la personne récemment est parfois suffisant pour déclencher cet état d’esprit. On se dit « quels mots ai-je dits ou quels mots ai-je omis de dire ?».
Notre si nécessaire solidarité humaine voudrait crier « non !» ou s’exprimer autrement, mais les mots manquent cruellement.
C’est peut-être finalement qu’en ces jours de si profonds contre sens, c’est notre condition humaine qui nous est rappelée, dans sa fragilité comme dans sa quête. Nos certitudes s’évanouissent, on a peur et on a mal.
Pour d’autres, ce serait non pas la culpabilité, mais la recherche de coupables. Et ça aussi, il semble que ce soit fréquent.
En effet, si la perte nous unit, il arrive que l’absence nous divise.
Les spécialistes nous le disent aussi, le suicide de n’importe quel acteur est un facteur de stress susceptible de créer du déséquilibre et d’exacerber les tensions dans la famille ou dans un groupe.
Restons vigilants, et gardons à l’esprit que devant le suicide d’un des nôtres, nous sommes tous victimes. Nul besoin d’en rajouter…
Puissions-nous rester solidaires dans cette souffrance et apprendre à l’être plus encore dans notre vivre ensemble.